Jeunesse en galère… Prenons notre sort en main, l’avenir nous appartient!!

Jeunesse en galère… Prenons notre sort en main, l’avenir nous appartient !

Le 17 novembre, Alysson, jeune indépendante liégeoise de 24 ans mettait fin à ses jours. Alysson avait réalisé son rêve en ouvrant son salon de coiffure. Le gouvernement, en ordonnant une seconde fermeture des commerces sans soutien suffisant pour de jeunes entrepreneurs comme Alysson brisait ce rêve et la jeune femme, au bout de ses ressources a choisi la mort… Le 1er décembre, une autre ville, une autre jeune femme… Maya, 30 ans et sans-abri meurt seule sur un banc à Tournai. Maya était pleine de vie, une battante malgré qu’elle en ait déjà bien bavé durant sa courte vie. Si c’est le froid qui a tué Maya, elle est pourtant morte de pauvreté. Ces évènements d’une extrême violence ne sont pas des faits divers. Ce sont les parties les plus visibles des effets catastrophiques de la crise sur la jeunesse.

Derrière ces cas les plus dramatiques se trouvent une multitude d’histoires difficiles :  Marine, 28 ans et sans-emploi, licenciée « corona » qui a dû retourner vivre chez son père. Lutamae, apprentie de 19 ans, qui risque de louper son année faute de stage. Gregory, jeune travailleur de 27 ans, qui doit bosser même si les mesures de sécurité ne sont pas respectées dans son entreprise. Perrine, étudiante de 23 ans, qui a perdu son job dans l’Horeca et a dû quitter sa colloc’. Sarah, 25 ans, dont le contrat d’intérim dans la vente s’est arrêté et qui vit avec une allocation de moins de 500€/mois…. Des dizaines de milliers de jeunes ont perdu leurs revenus qu’il s’agisse de jeunes indépendants, de travailleurs précaires ou d’étudiants dont la poursuite de leurs études dépendait de leur job perdu.

La crise sanitaire accroit des inégalités déjà existantes

L’économiste P. Defeyt l’illustrait encore récemment dans une étude, les jeunes travailleurs sont particulièrement vulnérables aux conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire.  Avant la crise déjà, le taux de chômage des 15-24 ans s’élevait à 12% alors que la moyenne nationale était à 7%. De plus, les jeunes qui parviennent à décrocher un emploi se partagent essentiellement des contrats précaires, soit la moitié des emplois CDD et 70% des emplois intérimaires.

L’épidémie a fait exploser cette précarité préexistante, faisant croître le chômage des jeunes de 5% en Wallonie et de 10% à Bruxelles entre décembre 2019 et décembre 2020. En cause ? Licenciements, faillites, non-renouvellement des contrats précaires, manque structurel d’emploi. Fait aggravant : beaucoup de jeunes intérimaires et sous CDD se retrouvent sans aucun revenus faute d’accès à la sécurité sociale. La réforme des allocations d’insertion du gouvernement Di Rupo fait toujours très mal aux jeunes.

Il y a aussi le drame des jobistes dont la part dans l’emploi ne cesse de croître. Près d’un étudiant sur deux bosse durant toute l’année (l’équivalent de 66.500 emplois salariés).  Ce job est indispensable à plus d’¼ de ceux-ci pour subvenir à leurs besoins et/ou payer leurs études. Selon une étude récente, 125 000 jobs étudiants ont été perdus lors de la première vague. Avec la fermeture de l’HORECA, des commerces, de la culture et de l’évènementiel, nombre de jobistes ont à nouveau perdu leur boulot en novembre et se retrouvent sans revenus. Leurs familles, souvent appauvries elles-mêmes par la crise, peuvent moins les aider. Ils sont de plus en plus nombreux à se présenter auprès des banques alimentaires pour se nourrir.

En période COVID, être jeune est une double peine

Comme si la précarité ne suffisait pas, les jeunes sont aussi régulièrement pointés du doigt comme mauvais élèves par nos gouvernements. À défaut de gérer correctement la crise, ils ont trouvé des coupables pour masquer leur imprévoyance : les jeunes. Soi-disant insouciants et inconscients, nous serions responsables de la propagation du virus. Quel mensonge et quelle violence ! 

La gestion déficiente de la pandémie a conduit à un second confinement pourtant évitable. Nous espérions que les gouvernements aient tiré les leçons de la première vague. Rien de tout ça. Le répit de l’été a conduit à l’habituel « business as usual », l’économie devait reprendre ses droits au plus vite. Assouplissements de la distanciation sociale dans les entreprises, arrêt des précautions dans les commerces, fin du télétravail obligatoire etc…, tous les verrous sautaient au niveau des entreprises.  Et puis vint le rebond et toujours le chômage temporaire à 70% obligeant les travailleurs à choisir entre leurs revenus et leur santé, pas encore de stratégie efficace pour « tester/tracer/isoler », pas de moyens nouveaux pour les MR/MRS, pas de renforcement structurel ni dans les hôpitaux ni dans les soins de première ligne. Résultat : un nouveau confinement. Ce ne sont pas les jeunes qui prennent de mauvaises décisions ce sont nos dirigeants.

Il est temps d’agir avec les jeunes

Nous refusons les discours qui opposent les générations et stigmatisent la jeunesse. L’écrasante majorité de la population, jeunes compris, respecte les mesures sanitaires et les jeunes ne sont pas responsables de la mauvaise gestion de la crise et du manque de moyens dans les soins de santé.

Aujourd’hui, la colère gronde. Une société qui ne protège pas sa jeunesse est une société sans avenir. Il est temps de prendre des mesures pour garantir notre avenir. Nous avons des propositions concrètes et appelons les gouvernements à les adopter.

La priorité c’est de renforcer la sécurité sociale. Voici 6 propositions à adopter d’urgence pour protéger les jeunes :

  • Ouvrir automatiquement le droit au chômage temporaire/corona pour l’ensemble des jeunes travailleurs précarisés (intérimaires, contrats CDD, artistes, faux indépendants ou encore les jobistes)
  • Étendre exceptionnellement à 33 mois (au lieu de 21 mois) la période de référence pour accéder au chômage sur base du travail afin de permettre aux jeunes de comptabiliser suffisamment de jours de travail malgré les confinements de 2020 – 2021.
  • Diminuer définitivement à 6 mois (au lieu de 12 mois) le nombre de jour de travail nécessaire aux intérimaires et CDD pour ouvrir leur droit au chômage sur base du travail.
  • Permettre l’accès des jobistes aux différents régimes de chômage via des contrats étudiants cotisants plus à la sécurité sociale.
  • Supprimer le stage d’insertion professionnelle (aujourd’hui un an sans allocation) et pouvoir ouvrir son droit aux allocations d’insertion jusqu’à 30 ans (et non 25 ans).
  • Porter à 100% le chômage temporaire/corona pour tous les travailleurs, dont les apprentis afin que personne n’ait à choisir entre corona et fin du mois.

Ce sont des revendications justes et de bon sens ! Pour les obtenir nous allons devoir nous organiser et nous mobiliser afin que les gouvernements entendent enfin la jeunesse sacrifiée sur l’autel de la rentabilité. L’avenir nous appartient, prenons notre sort en main !


*Cosignataires:

Pour l’Assemblée Générale des Jeunes CSC:

Mike Catalan Barroeta (Jeunes CSC Bruxelles) ; Meghann Verryken (Jeunes CSC Bruxelles) ; Yassamine Boucherab (Jeunes CSC Bruxelles) ; Lucie Van Slijpe (Jeunes CSC Bruxelles) ; Gérald Laclong Fofe (Jeunes CSC Mons-La L.) ; Eva Dumoulin (Jeunes CSC Mons-La Louvière) ; Lutamae Lubert (Jeunes CSC Mons-La Louvière) ; Tom De Weireld (Jeunes CSC Mons-La Louvière) ; Laurent Mathieu (Jeunes CSC Luxembourg) ; Mila Rakofsky (Jeunes CSC Charleroi-S.-et-Meuse) ; Melvin Michiels (Jeunes CSC Charleroi-S-et-Meuse) ; Laurie Deprez (Jeunes CSC Brabant Wallon) ; Nathan Haessaert (Jeunes CSC Brabant Wallon) ; Anissa Gherairi (Jeunes CSC Namur-Dinant) ; Adèle Vandermolen (Jeunes CSC Namur-Dinant) ; Marie Berlemont (Jeunes CSC Hainaut Occidental) ; Olivia Duhamel (Jeunes CSC Hainaut Occidental).

Signataires partenaires, solidaires de notre démarche:

Joke Vrijs, Jong ACV ; Eylen Aydemir, Présidente des Jeunes FGTB Bruxelles ; Simon Darimont, Secrétaire Général des Jeunes FGTB ; Chems Mabrouk, Présidente de la FEF ; Jean-Charles Wiart, Secrétaire Général du CEF ; Les membres de L’Union Syndicale Etudiante (USE) ; Inge Loodsteen, Coordinatrice du réseau de maisons de jeunes D’Broej ; Ariane Estenne, Présidente du Mouvement Ouvrier Chrétien ; Bruno Antoine, Président de la CSC wallonne ; Felipe Van Keirsbilck, Secrétaire Général de la Centrale Nationale des Employé‧e‧s ; Pierre Cuppens, Secrétaire Général CSC-Bâtiment-industrie-énergie ; Roland Lahaye, Secrétaire général de la CSC-E ; Isabelle Michel, Secrétaire Nationale ACV-CSC METEA ; Gaëtan Stas, Secrétaire Général CSC Alimentation & Services ; Yves Hellendorf, Secrétaire National non-marchand ; Martin Willems, CSC-United Freelancers ; Stéphane Paermentier, Secrétaire National non-marchand ; Gaëlle Demez, Responsable Nationale des Femmes CSC et des CSC seniors ; Philippe Vansnick, Secrétaire Fédéral CSC-Bruxelles ; Khadija Kourcha, Responsable Nationale des Travailleurs sans emploi de la CSC ; Christine Mahy, Secrétaire Générale du Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté (RWLP) ; Yves Martens, Coordinateur du Collectif Solidarité Contre l’Exclusion (CSCE) ; Olivier Malay, Docteur en économie UCLouvain ; Nabil Seikh Hassan, chercheur en sciences économiques, Faculté ouverte de Politique économique et sociale ; Xavier Dupret, Economiste, Fondation Joseph Jacquemotte ; Laurent Lorthioir, Représentant au CPPT CSC ; Laurence Blésin, Permanente Interprofessionnelle de la CSC de Charleroi ; Arnaud Jonville, militant syndical ; Herman Fonck, ACV Cel ledenwerving en ledenzorg ; Eva Van Laere, syndicaliste ; Et l’ensemble de l’équipe de cadres des Jeunes CSC.

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